"La fleur de lys dans les insignes des rois mérovingiens"
A dater de Clovis, on retrouve en effet la fleur de lys dans les insignes des rois mérovingiens. « Les fleurs de lys, dit l'héraldiste Nicolas Viton de Saint-Allais (1773-1842), étaient déjà employées pour ornement à la couronne des rois de France, du temps de la seconde race [dynastie carolingienne, de 751 à 987], et même de la première [dynastie mérovingienne, de 420 à 751]. On en voit la preuve dans l'abbaye de Saint-Germain des Prés, au tombeau de la reine Frédégonde [épouse de Chilpéric Ier, petit-fils de Clovis et roi de Neustrie de 561 à 584], dont la couronne est terminée par de véritables fleurs de lys, et le sceptre par un lys champêtre. Ce tombeau, qui est de marqueterie parsemée de filigranerie laitoy, paraît original.
« Pour ce qui est de la seconde race, poursuit de Saint-Allais, on trouve plusieurs portraits de Charles le Chauve [petit-fils de Charlemagne et roi de France (Francie occidentale) de 840 à 875, avant de devenir empereur d'Occident jusqu'à sa mort, en 877], dans des livres écrits de son vivant, avec de vraies fleurs de lys à sa couronne. Quelques-uns de ces manuscrits se gardent à la bibliothèque du roi. »
Quelques auteurs affirment même que Charlemagne, à chaque victoire qu'il remportait sur les Sarrasins, ajoutait une fleur de lys à sa couronne.
« Je mets à part, dit l'héraldiste Gilbert de Varennes (1591-1660), que le lys est le plus grand ennemi des serpents pour vous dire que du temps de Charlemagne les trois lys dont s'étoit servie la première race de nos rois furent tellement multipliés jusqu'à la troisième lignée [dynastie capétienne, de 987 à 1328], qu'on les voyoit semés sans nombre sur l'écu de France, et commencèrent d'être réduits à leur premier nombre de trois par le roy Charles VI. »
Saint Louis avait pris pour devise une marguerite et des lys, par allusion au nom de la reine sa femme et aux armes de France. Ce grand prince portait une bague représentant en émail et en relief une guirlande de lys et de marguerites, et sur le chaton de l'anneau était gravé un crucifix sur un saphir, avec ces mots : Hors cet annel point n'ay d'amour, parce qu'en effet cet anneau lui offrait l'image ou l'emblème de ce qu'il avait de plus cher : la religion, la France et Marguerite.
Au XIIIe siècle, Guillaume de Nangis, le moine bénédictin de l'abbaye Saint-Denis, auteur d'une Chronique des rois de France et de Vies de Saint Louis et de ses frères, Philippe le Hardi et Robert, explique dans ses Gesta Ludovici IX que « les rois de France ont accoutumé de porter en leurs armes la fleur de lis peinte par trois feuilles, comme s'ils disoient par là à tout le monde : Foi, sapience et chevalerie, sont par la provision et par la grâce de Dieu plus abondamment en notre royaume qu'en ces autres.
« Les deux feuilles de la fleur de lis, qui sont comme ses ailes, signifient sens et chevalerie qui gardent et défendent la troisième feuille qui est au milieu d'elles, plus longue et plus haute, laquelle signifie foi, car elle est et doit être gouvernée par sapience et défendue par chevalerie. Tant que ces trois grâces de Dieu seront fermement et ordonnément jointes en France au royaume de France, le royaume sera fort et ferme, et si il advient qu'elles en soient ôtés ou séparés, le royaume tombera en désolation et en destruction. »