"Vers la fin des temps, il paraîtra un grand monarque de la nation des très illustres lys"
Rapprochons de la légende rapportée dans Les très élégantes annales des belliqueuses Gaules, les paroles de Sylvio Pellico, écrivain et poète italien (1789-1854) : « Aujourd'hui, comme au temps du déluge, les hommes sont en guerre contre Dieu. Le traité d'alliance paraît être sur le point de se signer. Cette fois le traité sera signifié à la terre, comme jadis, par la colombe de l'arche ; néanmoins l'oiseau divin portera dans son bec, non plus une branche d'olivier, mais une fleur de lys. »
Les voix prophétiques qui se sont élevées au cours des siècles sont unanimes pour déclarer que la renaissance des lys commencerait aussitôt après la purification par le feu de la moderne Babylone, c'est-à-dire de Paris. En voici parmi les plus curieuses et les plus authentiques.
L'antique prophétie du Roi des lys, recueillie par le théologien protestant allemand David Wängler, dit Pareus, dans son Commentaire de l'Apocalypse (Heidelburg, 1618), avait été découverte par l'auteur dans une bibliothèque publique, et dont voici la traduction :
« Vers la fin des temps, il paraîtra un grand monarque de la nation des très illustres lys [le royaume de France] ; il aura un grand front, des sourcils élevés, de grands yeux et le nez aquilin. Il réunira une grande armée et détruira tous les ennemis de son royaume. Car comme l'époux est uni à l'épouse, ainsi la justice lui sera unie : il détruira tous les ennemis du Saint-Siège, soumettra l'Europe à sa puissance, et enfin, passant la mer, ira conquérir tout l'Orient, portant pour édit que quiconque n'adorera pas le Christ sera digne de mort ; personne ne pourra résister à sa puissance, parce que le bras de Dieu sera toujours avec lui. Son règne sera appelé le paradis terrestre des bons chrétiens. »
Dans la prophétie dite de saint Césaire et imprimée en 1524, on lit le passage suivant : « Après que l'univers entier et en particulier la France, et dans la France les provinces du nord, de l'est, et particulièrement la Lorraine et la Champagne, auront été en proie aux plus grandes misères et aux plus grandes tribulations, ces provinces seront secourues par un prince captif dans sa jeunesse, qui recouvrera la couronne du lys. Juvenis captivatus qui recuperabit coronam lilii. Ce prince étendra partout sa domination, et dominabitur per universum orbem. »
Le frère Jérôme Botin (1358-1420), bénédictin de l'abbaye de Saint-Germain des Prés, à Paris, en 1410, plongeant son regard dans l'avenir, s'écrie : « Après que quatre siècles seront plus qu'écoulés (Jérôme Botin écrivait en 1410), la terre sera désolée et l'Eglise éplorée ; le pasteur du ciel sera frappé et le troupeau dispersé ; mais la rosée du ciel descendra et les autels de Belzébuth seront renversés, et les ouvriers d'iniquité seront dissipés et périront. Il y aura un enfant du sang des rois que donnent les gens d'Artois. Et il gouvernera la France avec prudence et honneur, et l'esprit du Seigneur sera avec lui. »
Suit le sombre tableau des maux qui doivent fondre sur Babylone (Paris). « Oui, malheur, s'écrie encore le pieux et saint religieux à la fin de sa prophétie, mille fois malheur au peuple qui s'est révolté contre l'autorité et qui a renversé ses lois. Il arrache sa prospérité jusqu'à la racine, il a brisé les lys ! ».
Voici la prophétie de l'abbé d'Otrante, faite au XIIIe siècle, recueillie et imprimée par J.-B. de Rocoles en 1600 : « Moi abbé Ubertin de la ville d'Otrante, en Calabre, ayant été averti par l'ange du Seigneur que le temps de ma mort approchait [Ubertin d'Otrante est mort en 1279], j'ai fidèlement écrit sur ce parchemin ce que le ciel m'avait révélé sur l'ouverture du sixième sceau [l'Apocalypse désigne par ce sixième sceau les temps qui doivent précéder la grande époque de l'avenue de l'Antechrist, c'est-à-dire, d'après l'opinion commune, les temps actuels], et j'ai donné ordre, en vertu de la sainte obéissance, au frère Jacques d'Otrante et au frère Maur de Palerme, mes disciples bien-aimés, de placer cet écrit dans le sépulcre de marbre où ils placeront mon corps.
« Lorsqu'il y aura sur la chaire de Pierre un pontife qui brillera sur toute l'Église comme une étoile resplendissante, après avoir été choisi contre l'attente universelle, le sépulcre où j'aurai été enseveli sera ouvert. L'ange du Seigneur couvrira de sa protection ce grand pontife, et, Dieu étant avec lui, il restaurera toutes choses, relèvera les autels et les églises délabrées. Alors viendra un gracieux rejeton de la race antique de Pepin pour visiter le saint pontife. Il sera pris comme par la main par le grand pontife, et celui-ci le placera sur le trône de France, depuis longtemps privé de ses rois légitimes ; il placera sur sa tête le diadème de la suprême puissance, et ce grand monarque sera l'appui de son pontificat. »
Merlin Joachim, surnommé le Prophète, né en 1320 au pays napolitain, fut un saint et très docte religieux. Nous trouvons dans ses ouvrages la prophétie suivante : « Après une trop grande effusion de sang innocent, dit le saint religieux, la prospérité du Seigneur descendra sur la nation désolée. Un pasteur remarquable s'assoira sur le trône pontifical, sous la sauvegarde des anges. Pur et plein d'aménité, il résiliera toutes choses, rachètera par ses vertus aimables l'état de l'Eglise, les pouvoirs temporels dispersés... Il l'emportera sur toute autre puissance, et reconquerra le royaume de Jérusalem.
« ... Alors un monarque gracieux de la postérité de Pepin viendra en pèlerinage voir l'éclat du glorieux pasteur dont le nom commencera par un R. Un trône temporel venant à vaquer, le pasteur y colloquera ce roi qu'il appellera à son secours... Le saint pontife invoquera l'aide du monarque généreux de la France ; avant qu'il puisse être affermi et solidement assis sur le saint-siège, il y aura des guerres, des luttes pendant lesquelles le trône sacré sera ébranlé. Mais, à la faveur de la clémence divine, tout répondra aux vœux des fidèles, de telle sorte qu'ils pourront célébrer par leurs chants la gloire du Seigneur. »